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Scénario pédagogique
Source THOT CURSUS - Créé le mardi 31 mai 2011 | Mise à jour le mercredi 29 juin 2011
Pour bâtir des scénarios pédagogiques intégrant les TIC
Dans le domaine littéraire, un Scénario est un canevas, le plan détaillé d'une pièce de théâtre, d'un roman. Au cinéma, c'est la trame écrite et détaillée des différentes scènes d'un film, comprenant généralement le découpage et les dialogues. C'est cette démarche d'écriture et de préparation que l'on peut vouloir transposer pour en faire une méthode dans l'enseignement et la formation : un scénario devient alors un travail préparatoire où un projet (de cours, de séquence, de module) est décrit, raconté, mais aussi découpé, structuré avant d'être réalisé de façon réelle.
En fait, dans l'enseignement, il y a toujours eu quelque part cet acte de scénarisation de par le fait même que l'on pense le déroulement d'une séance, la répartition horaire, l'alternance de la théorie et de la pratique, etc. Mais la notion de scénarisation pédagogique s'est peu à peu imposée quand les enseignants ont commencé à intégrer l’audio visuel à leurs pratiques, dans les années 80. Depuis, avec le développement du multimédia et des environnements d’apprentissage médiatisé, la tendance s’est accentuée. Scénario, scénarisation, design et ingénierie pédagogiques, autant de termes qui témoignent de la nécessité de définir, formaliser les parcours et activités d'apprentissage pour intégrer des domaines auparavant très cloisonnés, celui des médias, des technologies et de l’enseignement-apprentissage.
Pour Brassard et al. (2003), la conception d'un scénario pédagogique tient compte des dimensions afférentes aux orientations et choix pédagogiques de départ, aux acteurs et à leurs rôles, aux activités ainsi qu'aux outils et processus.
Un scénario pédagogique est en conséquence un document structuré décrivant :
- Les acteurs : apprenants, formateurs, tuteurs, autres intervenants
- Les buts et objectifs : ce que les apprenants doivent savoir et savoir faire à la fin de la formation et dans quel but
- Les pré-requis
- Les contenus : les éléments du contenu, des connaissances à acquérir
- La méthode pédagogique dominante : magistrale, interrogative, active, collaborative …
- Les techniques utilisées : travail individuel, de groupe, étude de cas, projets, …
- Les outils et ressources technologiques : lesquels sont disponibles, comment les intégrer ?
- Les activités pour chaque étape de l’apprentissage
- La description des séquences et la progression envisagée
- Le dispositif d'évaluation : la forme choisie et les modalités
- La description détaillée d'une séquence comprenant le contenu, les activités, les rôles, les interactions, l'évaluation (étude de faisabilité du scénario)
Scénario d'apprentissage et scénario d'encadrement
En formation à distance, la scénarisation dépend d’abord de la typologie adoptée : présentiel enrichi (utilisation de diaporamas, simulation de la distance en présence lors de regroupements présentiels), modalité hybride (certains modules d'une formation sont suivis à distance, ou présentés sous formes de capsules de micro-learning) ou totalement à distance (dispositif de formation avec un environnement d'apprentissage de type classe virtuelle ou campus virtuel et tout un système d'apprentissage et de suivi administratif et pédagogique débouchant généralement sur une certification). On doit scénariser à tous les niveaux : une simple activité, une séquence ou unité d'apprentissage ou une formation dans sa totalité selon le modèle cité plus haut.
Dans les cas de cours ou parties de cours suivis à distance, la structuration pédagogique s'articule autour de trois systèmes : système d'entrée (objectifs, test de prérequis), système d'apprentissage (appropriation des contenus à travers la consultation de ressources, la réalisation d'exercices, des travaux de recherche et de production individuels ou collectifs, etc.) et système de sortie (post test pour l'évaluation finale et la certification). Pour chaque système, il s'agit d'appliquer la méthodologie de scénarisation en précisant à travers des consignes les tâches des enseignants et celles des apprenants avant, pendant et après chaque activité d'apprentissage ou d'évaluation.
L'idée principale consiste à prévoir les interactions à distance entre enseignants à distance (concepteurs de cours et/ou tuteurs) et entre les pairs. Il ne suffit pas de structurer et d'agencer des activités mais il faut préciser qui fait quoi avec quels outils etc. Chacun des acteurs remplit en quelque sorte un contrat, les règles du jeu sont clarifiées et l'on est conscient de ses droits ou devoirs. C'est pour cela qu'en scénarisant un cours on formalise autant l'apprentissage et l'évaluation que les modalités d'encadrement, c'est-à-dire les interventions tutorales.
Granularisation et design pédagogique
Les enseignants sont parfois réticents à s'engager dans un processus de scénarisation par crainte de redondance ou de perte de temps. Or, les modèles ou outils à utiliser dans une formation peuvent être mutualisés grâce aux espaces de partage et au web 2.0. Dans les entreprises spécialisées dans la production de cours à distance, la conception de cours intégrant les TIC ou à distance est l'affaire d'équipes multidisciplinaires et la capitalisation des ressources et procédures allège le travail. La tendance est plutôt à la granularisation des contenus et au micro-learning, c'est-à-dire que l'on produit de petites séquences d'apprentissage autonome ou des démos, des animations/simulations que l'on peut combiner dans diverses formations. Mais un enseignant solitaire peut aussi produire des séquences plus ou moins longues de formation à distance, se retrouvant là dans la position de l'homme orchestre menant de pair production de contenu et médiatisation pour la numérisation d'un cours. Même dans cette situation, l'enseignant - concepteur a intérêt à granulariser sa production, de manière à pouvoir la réutiliser plus facilement dans de nouvelles combinaisons. Supposons qu'une brique d'apprentissage soit produite sur les temps de l'indicatif en langue française, l'enseignant peut l'utiliser pour faire étudier à ses élèves les types de textes (descriptif, narratif etc.) en la combinant avec d'autres briques. Les contenus numérisés sont ainsi rentabilisés en temps et en argent.
Le design pédagogique (terme préféré à celui de scénarisation pédagogique au Québec), qui est la formalisation du processus d'enseignement pour programmer des séquences d'apprentissage dans des environnements numériques de formation, consiste à concevoir des séquences d'activités qui seront présentées en fonction des comportements et des actions de l'apprenant. L'information sur la séquence est indépendante du contenu afin de favoriser la granularité et partant la réutilisation. La méthode ADDIE (Analyse des besoins, Design, Développement, Implantation, Evaluation) convient aux concepteurs de cours inédits, qui après avoir défini le public cible, déterminent les compétences à atteindre (design), développent le cours, l'implantent et l'évaluent avec itération entre toutes ces étapes car en général on conçoit un prototype et on le teste et puis on passe à la production complète.
Pour conclure, disons que l'on a intérêt à adopter la scénarisation pédagogique pour se positionner dans les dispostifs de formations et harmoniser les actions d'apprentissage et de formation.
Pour approfondir le sujet, voici quelques liens utiles :
Les huit éléments essentiels d'un bon plan de cours
Source Thot Cursus - Créé le lundi 30 mai 2011 | Mise à jour le dimanche 20 novembre 2011
Beth Lewis fait partie de ces blogueurs américains qui ne craignent pas de rappeler les évidences. Enseignante au primaire, elle propose ainsi sur son blogue un billet intitulé "Top 8 Components of a Well-Written Lesson Plan" que l'on traduira par "Les huit éléments essentiels d'un bon plan de cours". Le modèle, même s'il est loin d'être original, mérite d'être adopté ou adapté à ses propres pratiques. les enseignants débutants y trouveront un guide rassurant, et les plus expérimentés l'adopteront pour publier leurs fiches de cours, notamment sur la toile.
Le plan de cours proposé par Beth Lewis comprend les éléments suivants :
- Objectifs et buts (Objectives and Goals). Ils doivent être clairs et surtout, liés aux programmes et instructions officiels.
- Contexte, présentation du cours (Anticipatory Set). Tout ce que vous allez dire aux apprenants pour introduire le cours, le lien avec les leçons précédentes, votre façon de stimuler l'aintérêt des apprenants. C'est la phase d'appel.
- Apports directs (Direct Instruction). Vous détaillerez ici les apports de connaissances à effectuer et les activités au travers desquelles se feront ces apports. Il s'agit donc de la phase d'apports, ces derniers ne provenant pas uniquement de l'enseignant, car la participation des apprenants est toujours souhaitée.
- Applications guidées (Guided Practice). Nous sommes ici dans la phase d'applications, qui permet de consolider les savoirs et de construire les savoir-faire. Vous y noterez les activités que vous prévoyez d'animer avec les apprenants.
- Clôture (Closure). Après les apports et les activités, arrive la phase de clôture, pendant la quelle vous passerez en revue tout ce qui a été apporté et construit pendant le cours. C'est le moment où vous lèverez les ambigüités, reviendrez sur les points qui ne semblent pas bien maîtrisés. c'est également la phase de transfert, celle où les apprentissages prennent du sens pour les apprenants, en les liant aux apprentissages antérieurs et à des situations réelles.
- Activités en autonomie (Independant Practices). Vous noterez ici les travaux que vous prévoyez de donner à réaliser aux apprenants, les devoirs à raliser à la maison.
- Matériel et équipement (Required Materials and Equipment). vous noterez ici ce dont vous avez besoin pour votre cours.
- Evaluation et suivi (Assessment and Follow-Up). Vous établirez les modalités d'évaluation auxquelles vous soumettrez les apprenants, toujours en lien avec les objectifs initiaux d'apprentissage. Vous veillerez à varier ces modalités d'évaluation. Prévoyez aussi les modalités de rétroaction sur les évaluations, qui aideront les apprenants à faire le point sur leurs apprentissages. Grâce aux résultats des évaluations, vous saurez si vous devez revenir sur certains points, ou aborder certains sujets sous une forme nouvelle.
Chaque point fait l'objet d'explications détaillées, assorties d'exemples, sur une page spécifique.
Beth Lewis insiste à la fois sur la rigueur de la démarche et sur la nécessité de varier les angles d'approche et les activités proposées aux apprenants.
Un gabarit de plan de cours, très simple, est téléchargeable sur la page. On trouvera également quelques suggestions de lecture d'autres articles portant sur des sujets proches.
Rappelons enfin que le plan de cours est une unité de taille intermédiaire, plus vaste que le plan de séquence, plus limité que le scénario pédagogique, qui constitue l'objet structurant l'ensemble d'un module d'apprentissage.
Si l'on trouve de très nombreux exemples de fiches pédagogiques en français sur la toile, il est plus difficile de trouver l'équivalent du travail de Beth Lewis dans notre langue. On recommandera néanmoins
le travail mis à disposition par Saïd Berrada, de l'académie de Besançon (France), beaucoup plus détaillé que celui de B. Lewis... mais aussi infiniment plus complexe.
Ressources supplémentaires :